Le fonds est pauvre en documents de l’entre-deux-guerres: subsistent des photographies, quelques textes, des plans et notes de calculs, de la correspondance. Laffaille, alors ingénieur d’entreprise, puis ingénieur-conseil auprès d’entreprises diverses, ne pouvait conserver les traces de son activité.
Le fonds est en revanche riche sur les grosses opérations de l’après-guerre où Laffaille a fondé son propre bureau d’études. Il s’agit principalement des édifices construits pour la SNCF, des «écoles rurales de premier degré» (1949-1958, avec Robert Camelot), du chantier expérimental de l’immeuble collectif à Saint-Ouen (1947-1949, non réalisé), et enfin des recherches de Laffaille en économétrie, les «modèles mathématiques dimensionnels» (MMD).
Enfin, le fonds est lacunaire pour les projets tardifs, conçus en collaboration avec des architectes, sur lesquels Laffaille était ingénieur-conseil. À son décès, beaucoup de ces dossiers ont été récupérés par ses anciens assistants, notamment René Sarger et l’ingénieur chinois Ou Tseng, dont les archives ont été largement détruites [cf. cependant le fonds Sarger, 167 IFA].
Introduction à l'inventaire traitement de texte recopié ci-dessous:
"À l’époque du décès de Laffaille (1955), son bureau d’études était situé rue des Nonnains-d’Hyères, à Paris (4e arr.), dans un immeuble construit par Robert Camelot où l’architecte avait également installé sa propre agence, au rez-de-chaussée, sur le même palier que celle de l’ingénieur. Après la disparition de Laffaille, les locaux de son bureau d’études furent investis par Guillaume Gillet. Ses archives furent récupérées par les siens et placées dans la cave de son appartement, rue de Rivoli, où elles demeurèrent jusqu’à leur don à l’État — concrètement leur dépôt à l’Institut français d’architecture —, à l’initiative de Nicolas Nogue et avec l’appui de Gérard Monnier et de Gilles Ragot. Les documents avaient pu être conservés car Mme Chevallier avait repris l’appartement de ses parents, et aucun déménagement n’était venu troubler leur sommeil.
De son vivant, Laffaille avait quant à lui déménagé plusieurs fois : de Reims à Orléans, puis à Paris où il s’installa définitivement à partir de 1933, mais où il changea plusieurs fois de locaux. Ces déménagements consécutifs, mais aussi son statut professionnel et les nécessités de sa succession, expliquent l’état du fonds, important mais lacunaire.
Il reste relativement peu de documents de la première partie de son activité, dans l’entre-deux-guerres : des photographies surtout, quelques textes, des plans et notes de calculs et de la correspondance. Laffaille était alors ingénieur d’entreprise, puis ingénieur-conseil auprès d’entreprises diverses. À l’évidence, il n’a donc pu conserver les archives de son activité qui sont sans doute restées dans les structures qui l’accueillaient.
De grandes zones d’ombres couvrent par conséquent de nombreux aspects de son activité de cette période. On ne dispose par exemple d’aucun document nous renseignant sur les circonstances et les réflexions qui entourent le basculement de ses travaux, en 1926-1927, lorsqu’il décide de se consacrer à la construction de voiles minces en béton armé, et plus particulièrement à l’étude des surfaces gauches. Outre les quelques documents cités, peu d’archives nous éclairent sur cette période essentielle des années trente où l’ingénieur construit ses structures novatrices. Une large part de ses relations avec les entreprises, ses collaborateurs, la maîtrise d’ouvrage nous échappe, au point que l’on a rencontré des problèmes de datation ou d’attribution pour certains édifices.
Le fonds s’avère en revanche particulièrement riche sur les grosses opérations de l’après-guerre où Laffaille, ayant fondé son propre bureau d’études, dirige la conception des projets et, dès lors, détient l’essentiel des documents. Il s’agit principalement des édifices construits pour la SNCF (1944-1951 ; rotondes pour locomotives, halles et ateliers), des "écoles rurales de premier degré" exécutées pour le ministère de l’Éducation nationale (1949-1958 ; en collaboration avec l’architecte Robert Camelot), des études pour l’immeuble d’habitation collective prévu à Saint-Ouen (1947-1949) au titre des "chantiers expérimentaux" lancés par le ministère de la Reconstruction et de l’urbanisme et, enfin, de ses recherches en économétrie, dénommées les "modèles mathématiques dimensionnels" (MMD).
En revanche, d’une manière générale, le fonds présente de grosses lacunes pour les projets conçus en collaboration avec des architectes. Laffaille, en tant qu’ingénieur-conseil, ne possédait peut-être pas l’ensemble des documents relatifs aux programmes étudiés. De plus, ces projets figuraient parmi ses opérations les plus tardives ; à la suite de son décès prématuré, le gros des dossiers fut alors récupéré par ses anciens assistants, notamment René Sarger et l’ingénieur chinois Ou Tseng, soit pour poursuivre les études et assurer la direction des chantiers, soit pour des raisons d’assurance et de réglementation (la garantie décennale). Or les archives de René Sarger et Ou Tseng furent quant à elles détruites par la suite …
Ainsi, la genèse par l’ingénieur de projets aussi importants que les églises de Bizerte, Villeparisis et Royan nous demeure encore mal connue. Il en est de même pour de nombreuses autres études passionnantes : un théâtre à Valenciennes avec Gillet (1953), le marché couvert de Royan (1954-1956 ; Louis Simon et André Morisseau, architectes), l’unité d’habitation de Rezé en collaboration avec l’Atelier Le Corbusier (en particulier Iannis Xenakis et André Wogenscky), le concours pour la Maison de la radio avec Maurice Novarina, la gare de fret de l’aéroport d’Orly (en collaboration avec Henri Vicariot et les services techniques d’Aéroport de Paris), un premier projet pour l’usine de la Rance (pour EDF), un pont en Chine…
Enfin, les enfants de Laffaille ont signalé à N. Nogue une invention que l’ingénieur désirait breveter : dénommée "les vents chauds", elle visait à favoriser la chute de pluies dans les zones désertiques de la planète en créant de puissants champs magnétiques grâce à la construction d’immenses aimants électromagnétiques… Les archives ne contiennent aucune trace de cette invention qui nous aurait renseignés sur la dimension utopique de la pensée de Laffaille, alors au diapason de l’esprit de son temps.